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Traitement des fistules

Fistules périanales : un défi thérapeutique

Les fistules sont des canaux de communication malades, inflammĂ©s et sont courantes dans la maladie de Crohn. Si cela vous concerne aussi, il convient de jeter un Ɠil sur les possibilitĂ©s de traitement. Vous devez en effet participer activement au processus de dĂ©cision concernant la procĂ©dure thĂ©rapeutique.↳

Faut-il traiter les fistules ?

La rĂ©ponse est la suivante : ça dĂ©pend. Si les fistules ne provoquent aucun symptĂŽme, elles ne doivent pas ĂȘtre obligatoirement traitĂ©es. Cependant, avec des fistules non traitĂ©es, il faut prendre en considĂ©ration des risques latents qui peuvent ĂȘtre rĂ©duits grĂące Ă  une intervention rapide.

Ainsi, un abcĂšs peut se dĂ©velopper sur une base inflammĂ©e et entraĂźner d’autres problĂšmes. Par exemple, un abcĂšs anal peut causer des lĂ©sions sur la partie terminale de l’appareil digestif ou sur le sphincter. En outre, une fistule prĂ©sente depuis longtemps peut dĂ©velopper un cancer malin (carcinome), ce qui, heureusement, n’arrive que trĂšs rarement.↳

Quels sont les objectifs du traitement ?

À court terme, il s’agit de traiter les symptĂŽmes tels que les douleurs, sensations de pression et Ă©coulements. De plus, les complications comme la formation d’abcĂšs, sous forme d’une fistule fortement inflammĂ©e, et la propagation de l’inflammation dans le corps doivent ĂȘtre Ă©vitĂ©es.

L’objectif du traitement Ă  long terme vise Ă  assĂ©cher, fermer et ainsi, guĂ©rir la fistule. Il est ici essentiel de conserver les capacitĂ©s fonctionnelles de vos sphincters anaux. Les objectifs concernant le niveau de vie seront d’un grand intĂ©rĂȘt pour vous :

  • maintien de la qualitĂ© de vie,
  • continence,
  • sexualitĂ© et vie de couple,
  • activitĂ© professionnelle et participation active Ă  la vie sociale.

Vos objectifs et votre implication dans le traitement jouent un rĂŽle essentiel dans le processus thĂ©rapeutique. Les fistules localisĂ©es sur et autour de l’anus sont une affaire particuliĂšrement complexe d’un point de vue mĂ©dical. C’est pourquoi la dĂ©cision quant Ă  savoir si et comment les traiter doit ĂȘtre prise de maniĂšre pluridisciplinaire. Cela signifie qu’en plus de votre gastroentĂ©rologue traitant et de vous-mĂȘme, un ou plusieurs mĂ©decins d’autres disciplines seront Ă©galement impliquĂ©s, par exemple, un chirurgien proctologue spĂ©cialisĂ© dans les opĂ©rations des maladies du gros intestin et de la partie terminale de l’appareil digestif.↳

 

Quelles méthodes existe-t-il pour traiter les fistules ?

Des stratĂ©gies de traitement mĂ©dicamenteuses, chirurgicales et combinĂ©es existent pour traiter les fistules. Il n’existe pas de traitement universel qui conviendrait de la mĂȘme maniĂšre Ă  tous les patients souffrant de fistules.

Le choix du traitement dĂ©pend du type, de la gravitĂ© et surtout de la localisation de la fistule. L’apparition de complications joue Ă©galement un rĂŽle.

Les fistules rectales sont situĂ©es dans la rĂ©gion de la partie terminale de l’appareil digestif. Une Ă©chographie endoscopique rectale ou une imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM) permettent de bien les Ă©valuer. Le traitement se fait soit par intervention chirurgicale, soit par mĂ©dicaments. Pour la version mĂ©dicamenteuse, un drainage des fistules est aussi frĂ©quemment rĂ©alisĂ©. À cet effet, le pus en formation constante est Ă©vacuĂ© le long d’un fil. L’objectif consiste Ă  assĂ©cher les fistules afin de permettre une fermeture Ă  long terme.
Actuellement, une combinaison de mesures thérapeutiques médicamenteuses et chirurgicales est recommandée pour traiter les fistules périanales.

MĂ©dicaments

  • immunosuppresseurs
  • mĂ©dicaments biologiques
  • antibiotiques

Immunosuppresseurs :
L’application d’immunosuppresseurs sert Ă  contrĂŽler l’inflammation et Ă  maintenir la rĂ©mission en neutralisant le systĂšme immunitaire. Les immunosuppresseurs sont gĂ©nĂ©ralement administrĂ©s par voie orale, c’est-Ă -dire qu’ils sont avalĂ©s sous forme de comprimĂ© ou de capsule.

MĂ©dicaments biologiques :
Les mĂ©dicaments biologiques bloquent les voies de transmission de signaux spĂ©cifiques impliquĂ©es dans les inflammations chroniques. La prescription d’inhibiteurs du TNF reste rĂ©servĂ©e aux mĂ©decins expĂ©rimentĂ©s dans ce domaine. Les mĂ©dicaments sont administrĂ©s soit dans une veine (voie intraveineuse), soit sous la peau (voie sous-cutanĂ©e). En Suisse, le seul mĂ©dicament biologique actuellement autorisĂ© pour le traitement des fistules pĂ©rianales est l’inhibiteur du TNF alpha Infliximab.

Antibiotiques :
Dans le traitement des fistules, l’usage Ă  court terme d’antibiotiques sert gĂ©nĂ©ralement Ă  prĂ©venir les infections ou un empoisonnement du sang (sepsis).

Procédures opérationnelles conventionnelles

La procĂ©dure chirurgicale dĂ©pend de la localisation, du type et de l’étendue de la fistule. Les fistules pĂ©rianales, en particulier les fistules anales hautes, reprĂ©sentent ici un dĂ©fi pour les chirurgiens.

L’objectif de toute opĂ©ration consiste principalement Ă  assurer une fermeture de la fistule tout en conservant les capacitĂ©s fonctionnelles des sphincters ou, au moins, Ă  diminuer les symptĂŽmes.

Afin d’amĂ©liorer constamment les rĂ©sultats du traitement aprĂšs l’opĂ©ration, diverses techniques d’opĂ©rations ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es et de nouvelles viennent sans cesse s’ajouter. Les procĂ©dures les plus frĂ©quentes incluent :

  • drainage de l’abcĂšs
  • ouverture de la fistule (fistulotomie)
  • introduction d’un sĂ©ton
  • section de la fistule (fistulectomie)
  • lambeau d’avancement (Mucosal Advancement Flap)
  • fermeture de la fistule par la technique de LIFT (Ligation of Intersphincteric Fistula Tract – ligature d’une fistule par voie intersphinctĂ©rienne)

Drainage de l’abcùs :
Lors d’un drainage, l’abcĂšs est d’abord ouvert de maniĂšre chirurgicale avant d’introduire un petit tuyau en plastique dans la plaie. Le pus contenu dans l’abcĂšs ouvert est Ă©vacuĂ© en continu par le tuyau, empĂȘchant ainsi l’accumulation de substances nouvellement sĂ©crĂ©tĂ©es. L’abcĂšs est vidĂ©, ce qui permet d’éviter, entre autres, un Ă©clatement incontrĂŽlĂ©.

Ouverture de la fistule (fistulotomie) :
L’ouverture de la fistule ou fistulotomie n’est gĂ©nĂ©ralement pratiquĂ©e que pour les fistules bĂ©nignes et superficielles. Pour cela, le tractus de la fistule est incisĂ© dans sa longueur et la fistule interne est retirĂ©e par intervention chirurgicale.
L’incision chirurgicale de fistules pĂ©rianales complexes peut provoquer une lĂ©sion permanente des sphincters pouvant ĂȘtre Ă  l’origine d’une incontinence fĂ©cale. C’est pourquoi on renonce dans la plupart des cas Ă  inciser les fistules pĂ©rianales complexes. On opĂšre plutĂŽt pour fermer l’ouverture interne du canal de fistule afin d’empĂȘcher la pĂ©nĂ©tration de liquides et de selles. Dans des cas particuliĂšrement graves, un anus artificiel (stomie) temporaire ou dĂ©finitif est envisagĂ© afin que la rĂ©gion intestinale touchĂ©e puisse rĂ©cupĂ©rer et rester exempte de symptĂŽmes.

ProcĂ©dure d’incision d’une fistule

"Étape 1 : représentation du canal de fistule à lñ€™aide dñ€™une sonde. Étape 2 : ouverture du canal de la fistule et retrait de lñ€™ouverture interne. Étape 3 : contours de la plaie suturés (marsupialisation)"
Étape 1 : reprĂ©sentation du canal de fistule Ă  l’aide d’une sonde.
Étape 2 : ouverture du canal de la fistule et retrait de l’ouverture interne.
Étape 3 : contours de la plaie suturĂ©s (marsupialisation)

Introduction d’un sĂ©ton :
La pose d’un sĂ©ton est la mĂ©thode la plus frĂ©quemment utilisĂ©e pour traiter les fistules pĂ©rianales. Cette intervention sert souvent de mesure prĂ©paratoire en vue d’une autre procĂ©dure chirurgicale, par exemple, une incision avec « lambeau d’avancement » en cas de fistules infectĂ©es. Les sĂ©tons sont de minces fils de silicone ou languettes en caoutchouc que l’on passe dans les fistules. Le drainage de la fistule empĂȘche une fermeture prĂ©maturĂ©e de l’ouverture extĂ©rieure et limite la formation d’abcĂšs.

Le seton (fil de silicone ou lamelles de caoutchouc) est attaché à l'extérieur de l'anus et le reste pendant 3 à 6 semaines. Cela permet d'assurer un drainage permanent.
Le seton (fil de silicone ou lamelles de caoutchouc) est attaché à l'extérieur de l'anus et le reste pendant 3 à 6 semaines. Cela permet d'assurer un drainage permanent.

Section de la fistule (fistulectomie) :
La fistulectomie consiste Ă  inciser la fistule. Le but de cette procĂ©dure est de minimiser le plus possible les lĂ©sions du sphincter. L’opĂ©ration n’est gĂ©nĂ©ralement pratiquĂ©e que pour les fistules bĂ©nignes et superficielles.

Lambeau d’avancement (Mucosal Advancement Flap) :
Dans cette procĂ©dure, l’ouverture interne de la fistule situĂ©e dans la partie terminale de l’appareil digestif est recouverte d’un tissu muqueux sain afin d’empĂȘcher toute rĂ©apparition de la fistule (rĂ©cidive). La technique de lambeau d’avancement est souvent associĂ©e Ă  une fistulectomie et pratiquĂ©e gĂ©nĂ©ralement en cas de fistules plus complexes.

Technique du lambeau muqueux

La technique du lambeau de muqueuse est souvent combinée avec la fistulectmie et est généralement pratiquée pour les fistules plus complexes.

Fermeture de la fistule par la technique de LIFT (Ligation of Intersphincteric Fistula Tract – ligature d’une fistule par voie intersphinctĂ©rienne) :
L’opĂ©ration LIFT n’est envisagĂ©e que si les fistules traversent les deux sphincters (fistules intersphinctĂ©riennes). À cette fin, le canal de la fistule situĂ© entre les deux sphincters anaux est examinĂ©, ligaturĂ© et sectionnĂ© dans cette rĂ©gion. Ensuite, la partie externe du canal de la fistule est retirĂ©e jusqu’au sphincter.

Les autres procĂ©dures chirurgicales qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour le traitement des fistules pĂ©rianales comprennent, entre autres, l’injection de colle biologique, l’implantation d’un bouchon et la chirurgie laser.

Quel est le risque d’incontinence Ă  la suite d’une opĂ©ration des fistules ?
Cette question est lĂ©gitime, mais il n’est pas simple d’y rĂ©pondre. PrĂšs d’un tiers des patients souffrant de fistules chroniques ont dĂ©jĂ  des lĂ©sions au sphincter. De plus, le risque d’incontinence est nettement plus Ă©levĂ© des annĂ©es aprĂšs une incision d’une fistule. Par consĂ©quent, dans le cas de fistules chroniques ou d’une opĂ©ration antĂ©rieure du sphincter, il convient d’examiner celui-ci en mesurant la pression anale (manomĂ©trie) en vue de rechercher d’éventuelles lĂ©sions dĂ©jĂ  existantes avant d’opter pour une fistulotomie.↳

Nouvelle procédure thérapeutique : le traitement par cellules souches

Un traitement par cellules souches mĂ©senchymateuses est considĂ©rĂ© comme une alternative au traitement chirurgical des fistules pĂ©rianales complexes dans le cas de la maladie de Crohn. Les cellules souches sont injectĂ©es directement dans les parois de la fistule par un chirurgien coloproctologue. Elles permettent de rĂ©duire localement l’inflammation. Cette procĂ©dure n’affecte pas les sphincters anaux.

Que sont les cellules souches ?

Contrairement aux cellules somatiques normales, les cellules souches se distinguent par des propriétés spécifiques : elles sont capables de se renouveler (autoréplication) et de se développer en différentes cellules somatiques ou différents types de tissus. En outre, les cellules souches peuvent avoir un effet régulateur sur le systÚme immunitaire et inhibiteur dans les processus inflammatoires.

En raison de leur origine et de leur capacité de développement, on différencie trois types principaux de cellules souches : les cellules souches embryonnaires, les cellules souches induites ou reprogrammées et les cellules souches tissulaires. Les derniÚres sont aussi appelées cellules souches adultes et sont présentes chez les adultes dans de nombreux tissus différents. Pour le tissu dans lequel elles se trouvent, ces cellules, encore capables de se différencier, remplissent la fonction essentielle de réparation.

Les cellules souches mésenchymateuses, CSM en abrégé, sont une forme particuliÚre de cellules souches tissulaires. Elles se trouvent dans les tissus adipeux, par ex.

En quoi les cellules souches peuvent-elles ĂȘtre utiles pour traiter les fistules pĂ©rianales complexes ?
Pour l’application mĂ©dicale, il existe des cellules souches expansĂ©es, dĂ©rivĂ©es de tissus adipeux humains et contenant le principe actif darvadstrocel, disponibles sous forme de suspension injectable. Le darvadstrocel a Ă©tĂ© autorisĂ© en UE et en Suisse en 2018 pour le traitement de fistules pĂ©rianales complexes chez les patients atteints de la maladie de Crohn.

Les effets immunomodulateurs et anti-inflammatoires du darvadstrocel sont probablement dus au fait que les cytokines, libĂ©rĂ©es localement dans la rĂ©gion de la fistule par les lymphocytes activĂ©s, activent les cellules souches des tissus adipeux. On suppose que ces cytokines neutralisent la croissance et la prolifĂ©ration des lymphocytes et rĂ©duisent la libĂ©ration de mĂ©diateurs inflammatoires. Cependant, le mĂ©canisme exact n’est pas encore pleinement Ă©clairci.

Comment le traitement par cellules souches fonctionne-t-il ?
L’application du traitement par cellules souches est rĂ©alisĂ©e dans un centre spĂ©cialisĂ© par un chirurgien coloproctologue expĂ©rimentĂ©. La procĂ©dure : si un fil de drainage a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© introduit dans la fistule, celui-ci est directement retirĂ© avant l’intervention. Le chirurgien vide le canal de la fistule et le racle complĂštement. Il ferme ensuite l’ouverture interne de la fistule puis injecte la suspension de cellules souches dans les parois de la fistule et autour de l’ouverture interne. Enfin, il ferme l’ouverture externe de la fistule avec un pansement. Toute l’intervention se fait sous anesthĂ©sie.↳

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